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« Y a pas de problème ! »

28 novembre, 23h50. Nous atterissons à Ouagadougou. Première en Afrique noire pour Fred, le jour de ses 29 ans, retour en terre connue pour Anne-Laure.

Voyager, c’est dépasser ses préjugés. Mais l’Afrique noire, et le Burkina Faso, ressemble beaucoup à ce que Fred avait imaginé : une pauvreté criante, un voile de poussière permanent, des marchands ambulants qui veulent vous vendre des recharges téléphoniques aussi bien que des tuyaux d’arrosage, des femmes aux formes généreuses qui portent leurs enfants sur le dos, enserrés dans un tissu aux couleurs bariolées… Et partout des gens qui se marrent. Ici, tout se termine par la rigolade. La phrase de chaque circonstance résonne : « Y a pas de problème ! » Autant l’Algérie nous avait semblé triste et à bout de souffle, pour des raisons bien compréhensibles, autant le Burkina Faso nous accueille dans un grand éclat de rire.

Le premier choc est météorologique. Nous avions passé dix jours sous la pluie à Alger, nous voici sous une chaleur qui nous semble écrasante mais c’est pourtant la saison la plus fraîche à Ouagadougou. Anne et Ronan, qui nous reçoivent pour nos premiers jours ouagalais, se félicitent d’avoir pu enfin sortir la couette ! Pour nous, aucun problème, car nous passerons nos premiers jours de décembre au chaud.

Après quelques jours d’écriture et de repos, nous prenons la route de Dori, aux portes du Sahel. La capitale de la région Nord du Burkina Faso fut longtemps oubliée par le pouvoir central burkinabè. Nous devions arriver le lundi 5 décembre mais nous apprenons au détour d’une conversation que la veille, la paroisse Sainte-Anne de Dori fêtera ses 50 ans. Une occasion unique à vivre. Et une expérience du dialogue interreligieux puisque les représentants musulmans viendront honorer de leur présence cette fête. Nous prenons donc la route du Sahel dès le samedi 3 décembre.

La présence de Touaregs nous rappelle que nous ne sommes pas loin du désert. Le coup de fil de l’ambassade également ! Deux Français ont été enlevés de l’autre côté de la frontière malienne, à une centaine de kilomètres de là. Il nous faut aller faire part de notre présence à la gendarmerie locale.

Nous entrons dans une bâtisse dont rien n’indique le statut. Un ventilateur brasse un peu d’air chaud. Cinq hommes sont dans la pièce. Si l’un est en uniforme, il nous est difficile de distinguer le statut des autres. Un homme est assis par terre, déguenillé, interrogé par deux autres. Engueulé, plutôt. Il a la tête basse. Il vient de se faire prendre sur le marché en train de voler une chèvre… Nous assistons à un interrogatoire en direct ! Cela ne dure pas longtemps et l’homme en uniforme conduit l’homme en guenilles en cellule… De notre côté, nous écrivons nos noms et le numéro de nos passeports sur une feuille volante, nous questionnant sur la réelle utilité de cette démarche avant de filer sans demander notre reste.

Ce week-end-là, Dori est « the place to be ». En plus de la fête qui se prépare pour le lendemain, ce samedi est la conclusion des trois jours du Forum national des jeunes. Le président du Burkina Faso vient lui-même clôturer ces trois jours de meeting politique. A tour de rôle, des jeunes venus de tout le pays, et même  des pays voisins, interrogent « Son Excellence, Monsieur le Président du Faso » sur des sujets aussi variés que la construction d’hôpitaux, l’accès aux études, les problèmes d’eau ou de tourisme…

Le lendemain, nous fêtons avec un millier d’autres personnes les 50 ans de la paroisse locale. De nombreuses huiles sont venues pour l’occasion. Catholiques, évidemment (treize évêques) mais aussi d’autres religions (représentants musulmans et protestants) et politiques avec la présence de deux ministres… La messe dure près de cinq heures, ponctuée de chants en langues locales : fufuldé, gourmantchéma, moré, français, et pour lesquels le qualificatif « dynamiques » ne reflèterait pas la moitié de l’énergie.

Après cette longue célébration, la fête continue jusqu’au soir, autour de Brakina (bière burkinabée), de sucreries (sodas), de poulets et de pagnes de toutes les couleurs. Nous avons juste le temps de nous échapper un moment avec François-Paul Ramdé, gestionnaire de l’Union fraternelle des croyants, raison de notre venue à Dori. M. Ramdé tient à nous montrer l’une des fiertés de l’UFC : un bouli maraîcher.

La bonté habite au numéro 2 de la via dei Porthogesi

Assise se réveille dans la brume, encore hagarde du monde qui aura arpenté ses rues. Un lendemain de fête où les têtes et les coeurs sont à la fois légers et étourdis des souvenirs du moment vécu… Nous croisons, ça et là, des pélerins de la veille dont il nous semble qu’ils partagent le même état d’esprit. Ils nous sont encore étrangers, mais nous avons le sentiment, doux, d’avoir partagé quelques instants une commune destinée.
Mais il nous faut  passer à l’étape suivante. Rome nous appelle ! Après un trajet de train, sans souci cette fois, c’est au tour d’Atac, la compagnie de bus romaine, de travailler notre patience. Inès, rencontrée à Assise, nous a mis en relation avec Emeric et Yen-Thu, un couple de Français fraîchement installé à Rome avec leurs trois enfants, Lucie, Louise et Jean. Mais le bus 70 qui doit nous mener jusqu’à leur appartement n’arrive pas. N’arrive pas. N’arrive pas… Il nous faut presque deux heures pour arriver chez eux, là où une bonne marche à pied nous y aurait conduit en 30 minutes. La prochaine fois, nous prendrons le pédibus !
D’ailleurs, Rome, nous l’arpenterons en long, en large et même, parfois, en Trastevere (l’un des quartiers de Rome)… Nous ne nous sommes pas pesés avant notre départ, mais au bout de huit jours dans la capitale italienne, nous sommes persuadés d’avoir perdu quelques kilos. Et ce malgré les pizzas, les gnocchis et autres pasta ! (J’entends des rires moqueurs disant que nous avions de la marge !)
Fresque de Santa-Maria di TrastevereÉvidemment, il serait criminel de ne pas rester quelques jours à Rome sans profiter des merveilles que la ville nous offre ! Pas la peine de dépenser des fortunes dans la visite de musées, qui sont sûrement très bien aussi : la ville entière est un musée à arpenter et chaque église témoigne d’une époque…
Le top 3 de Fred : Santa Maria di Trastevere et sa mosaïque magnifique ; Santa Maria in Cosmedin ; les fontaines à tous les coins de rue.
Le top 3 d’Anne-Laure : la vue sur Saint-Pierre de Rome depuis chez Agostinho ;  le forum et le Colisée en arrière-plan ; le campanile de Santa-Maria in Cosmedin.

Avec Mgr Agostinho Borges, recteur de la paroisse des Portugais à Rome.Nous passerons la majorité de notre séjour à la paroisse des Portugais. Mgr Agostinho Borges, le recteur, nous ouvre les portes d’un petit appartement en plein coeur de Rome, à deux pas de la place Navone. Il n’est pas bavard, un peu timide et nous ressentons le malaise des voyageurs demandant le gîte. Pourtant, au fil des jours, l’amitié va, naissante. Et lorsqu’il nous faudra le quitter, ce sera avec une réelle tristesse. Agostinho nous étonne par son goût des arts. En huit jours à Rome, nous aurons assisté à deux concerts et un vernissage d’exposition dans son église !
Nous profitons d’être à Rome pour étudier le regard que porte l’Eglise catholique sur les autres religions. Pour cela, nous rencontrons deux instituts de formation travaillant sur l’islam et le judaïsme : le Pisai et le Centre Cardinal-Bea. Vous pouvez retrouver l’interview de leurs directeurs respectifs, les pères Miguel Ayuso et Philipp Renczes. Nous échangeons également avec le P. François Bousquet, nouveau recteur de Saint-Louis des Français, et éminent spécialiste du dialogue interreligieux. Nous y restons les quelques derniers jours de notre séjour romain. A Saint-Louis, nous faisons (déjà), une première pause française en profitant des séminaristes qui y résident ainsi que de certains paroissiens, notamment Brigitte et Philippe qui nous accueillent pour un repas très familial. Brigitte, retournant en France, nous permet d’exfiltrer notre appareil photo, défectueux…
Il faut partir et laisser notre ami Agostinho. Notre voyage est une histoire de rencontres et de séparations.
Déjà la suite du périple nous appelle et avec elle, l’incertitude de ce que nous vivrons. En Tunisie.

Rencontre avec le P. Miguel Ayuso, directeur de l’Institut pontifical d’études islamiques (Pisai)

« Il faut faire le pas de la connaissance de l’autre »

Le père Miguel Ayuso est espagnol et membre de la congrégation des Missionnaires comboniens. Arrivé à l’Institut pontifical d’études islamiques (Pisai) comme professeur invité, il y est resté comme directeur. Il avait déjà fréquenté ces murs en tant qu’étudiant avant de partir vingt ans en Egypte et au Soudan. Cet homme doux et affable nous reçoit dans son bureau de Trastevere…
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Formation sur l’islam

Nous venons de vivre une semaine très enrichissante avec le Service national de relations avec l’islam (SRI – Conférence des évêques de France). Le premier pas du dialogue est la connaissance de l’autre ! Vous pouvez en savoir plus en lisant cet article de La Croix, ou encore celui-ci du Parisien.